La chapelle se dresse sur le plateau d'Auron, dans le Département des Alpes-Maritimes en Provence-Alpes-Côte d'Azur, à quelques kilomètres de la ville de Saint-Etienne-de-Tinée. Édifiée au XIIIe siècle ou dans la première moitié du siècle suivant, la chapelle comporte une large nef à charpente apparente, prolongée par deux absides inégales voûtées en cul-de-four et flanquée au sud par un clocher à flèche de pierre sans doute plus tardif, et par un bâtiment perpendiculaire ajouté au milieu du XVIe siècle, à usage de presbytère. Le plafond a une structure en bois apparente et un balcon en bois court le long des côtés de la nef.
La date de 1451, indiquée dans une inscription, permet de situer l'exécution de la somptueuse décoration picturale qui recouvre les deux absides, la niche centrale et les deux murs de la nef. Attribué à un artiste piémontais anonyme auquel on a donné le nom conventionnel de Maître de Lusernetta, le cycle est consacré à la vie et à l'action des saints Denis, évêque de Paris, et Érige, évêque de Gap. Dans la niche entre les deux absides, surmontée d'un baldaquin en maçonnerie, deux anges soutiennent sainte Marie-Madeleine représentée en pied, entièrement enveloppée de ses longs cheveux dorés. Actif de part et d'autre des Alpes vers le milieu du XVe siècle, l'artiste révèle encore des liens avec le langage gothique tardif et se caractérise par la création de drapés surabondants et l'utilisation de décors au pochoir notamment pour les robes, ainsi que par la caractérisation de personnages excentriques et des tentatives de monumentalisation des représentations.
Dès la fin du Moyen Âge, la chapelle de Saint-Érige est non seulement un lieu de pèlerinage pour invoquer l'intercession du saint en faveur des enfants fragiles, notamment ceux souffrant de rachitisme ou de troubles de l'élocution, mais elle est aussi liée au culte du "répit", c'est-à-dire de la résurrection temporaire des enfants mort-nés le temps de leur donner le baptême, croyance répandue en Europe, des Flandres et du Brabant à la Provence, de la Savoie à la Franche-Comté, en passant par la Suisse et le Sud du Tyrol, et qui remonte au moins au début du XVe siècle dans les territoires francophones, peut-être même au milieu du XIVe siècle en Savoie.